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Gemeau1blog
11 mai 2009

Travail : souffrance ou épanouissement ?

On a rarement vu une élection présidentielle française se focaliser autant sur la question du travail que celle de mai 2007. En tout cas, le sens que chaque individu accorde au travail, la satisfaction qu’il est en droit d’y trouver et qu’il y trouve – ou non était bel et bien au cœur du débat.

Dans sa quête de réalisation de soi, l’individu trouve-t-il dans les sociétés modernes un terrain propice ou y rencontre-t-il des limites structurelles qui entravent ses aspirations ?

QUAND LE TRAVAIL RIME AVEC SOUFFRANCE 

Harcèlement moral 

Selon l’Institut de Veille Sanitaire, 21,5 % des maladies professionnelles sont liées à la souffrance psychique (source : l’Expansion, octobre 08).

La consultation spécialisée ‘‘Souffrance au travail’’ est toute nouvelle et ne compte encore que 6 consultations en France, toutes en région parisienne. Marie Pezé, qui a créé la première à Nanterre, raconte que le harcèlement est bien loin du simple pervers et de sa victime et que, dans 90 % des cas, on est en présence de harcèlement stratégique. D’autant qu’en 1998, avec le livre ‘‘Le Harcèlement moral’’ de Marie-France Hirigoyen, ces nouvelles victimes avaient enfin trouvé un modèle de comparaison. ‘‘Je voyais arriver les gens, livre en main, disant : là, page 90, c’est moi !’’ a confié Marie Pezé. Mais ce n’est qu’en 2001 que la loi a reconnu une nouvelle catégorie de victimes : les harcelés. Très peu de gens peuvent tenir. Sur le long terme, ces personnes présentent des mêmes traumatismes psychologiques que les victimes d’attentats dans le RER.

Stress face aux objectifs 

Selon l’INRS, ce nouveau mal du siècle frappe sans distinction toutes les catégories socioprofessionnelles. Dans notre pays, le stress est devenu un enjeu de santé publique.

Les salariés doivent plus souvent travailler dans l’urgence pour s’adapter aux exigences fixées par la clientèle. Même si elle a diminuée ces dernières années, la part de ceux qui disent devoir toujours ou souvent se dépêcher atteint 48 % en 2005.

Les travailleurs doivent également faire preuve de toujours plus d’implication dans leur travail. Les organisations du travail moderne les rendent responsables du contrôle de la qualité de leur propre production, ce qui accroît leur sentiment de responsabilité et représente une source importante de stress et de tensions potentielles.

Pour faire face à la réalité, de plus en plus de personnes se tournent vers de ‘‘dangereuses solutions miracles’’ : caféine, somnifères, anxiolytiques, cocaïne, alcool, psychotropes, …

‘‘Boire m’aidait à bosser, je me sentais léger, je n’éprouvais plus l’angoisse des objectifs’’ (Paul, 37 ans, cadre commercial).

Souffrance physique 

Cependant, certaines personnes tiennent le coup psychologiquement, mais c’est le corps qui craque. La pénibilité physique a eu tendance à se stabiliser ces dernières années pour toutes les catégories socioprofessionnelles, sauf pour les ouvriers, pour lesquels elle continue d’augmenter. Les exigences de productivité et les cadences de travail de plus en plus élevées, les délais de production de plus en plus courts et les tâches répétitives usent petit à petit, parfois jusqu’à entraîner des handicaps. Une patiente de Marie Pezé lui confie ‘‘les filles pètent les plombs, jettent tout par terre, un brancard est même prévu dans le vestiaire. Les ouvrières ont toutes une barre de Lexomil dans les poches ; aussi du sparadrap, car visser 1200 pots/heure esquinte les mains et les ampoules sont nombreuses’’. Pourtant, cette patiente est ‘‘extrêmement équilibrée’’. Elle pratique le yoga et la natation pour maîtriser la douleur, mais cela ne suffit pas. Les yeux usés, une opération du maxillaire, un genou cassé, des polypes intestinaux, des fibroses, des tendinites, une opération du canal carpien … et la liste n’est pas finie. A 51 ans, elle prend 10 médicaments par jour. Malgré cela, elle continue, en attendant d’être classée en invalidité partielle.

Le nombre d’accidents du travail a largement diminué depuis la seconde guerre mondiale, mais les accidents graves ont augmenté de plus de 13 % entre 1997 et 2004. 

L'EPANOUISSEMENT AU TRAVAIL, C'EST POSSIBLE !!

Le travail, nous nous en plaignons, mais nous sommes heureux d’en avoir ; nous le recherchons mais en souffrons, parfois jusqu'à la dépression ; le suicide;  nous l’aimons pour autre chose : l’argent, le prestige, le goût de la conquête, des nouvelles amitiés, des remèdes à l’ennui mais aussi pour lui-même.

L'épanouissement selon Hegel

Par ailleurs c’est grâce lui que nous modelons le monde à notre image, que nous prenons conscience de nos forces et nos limites Hegel le prouve dans sa Phénoménologie de l’esprit, à travers la dialectique du maître et de l’esclave. Dans une société aristocrate, pendant que le maître demeure oisif, l’esclave progresse dans sa maîtrise de lui-même et du monde. Hegel systématise ainsi ce mouvement qui, à travers la révolution française et le développement de l’industrie, a fait du travail la valeur centrale de notre civilisation moderne.

L'épanouissement selon Karl Marx

Karl Marx, grand lecteur de Hegel, approfondit cette pensée.  Il nous distingue de l’animal : l’homme en transformant la nature, subordonne à sa volonté un but conscient qu’il a d’abord à imaginer .Bref, le travail selon Karl Marx , un bien trop précieux pour en faire une cause de souffrance.

Karl Marx défend que le travail ne doit pas être perçu uniquement comme « un sacrifice », il apporte des rémunération qui permettent d’acheter des biens de consommations,  des services, des loisirs, qui sont propices à l’épanouissement personnel. L’argent, d’autre part, constitue un retour en temps réel de la performance. C’est une façon d’être reconnu.

L'épanouissement, comment est-ce possible ?

Le prestige et le goût à la conquête sont  généralement des moteurs pour les cadres qui aime se voir offrir des missions et responsabilités ainsi l’indique Jean-Christophe Conti, vice président d’Europe de Yahoo Publisher Group « Pour moi réussir un challenge signifie faire progresser l’entreprise et avoir un impact sur son évolution .Quand, par exemple, je suis applaudi par le board parce que j’ai réussi à signé un gros deal, ce n’est pas désagréable! C’est même très motivant. »

Le travail permet d’entretenir des relations sociales que se soit au niveau des supérieurs, des collègues, des clients etc… Le travail nous donne une identité en fonction de la place que l’on a dans l’entreprise. C’est à travers cela que l’homme crée des relations sociales en tissant des liens avec généralement des gens qui ont le même rang social. Le travail est donc le fait social par excellence.

Le travail permet de fuir le malheur ou plutôt de l’oublier. Pour cela il faut une application totale. Dans ce cas là, la personne ne considère pas l’oubli que procure la répétition des gestes effectués dans le cadre du travail comme une aliénation mais comme une libération. Vertu curative de l’effort .Quand on est malheureux le travail peut faire du bien. Arriver à mettre son énergie dans une action précise est très important. On s’épanoui dans le « faire ».

Le travail a une nature dialectique, en ce qu’il unit du négatif et du positif. Il fait souffrir mais nous élève au-dessus de notre animalité. On travail par obligation ou pour l’argent, mais, en même temps, on peut se réaliser et être heureux. Chacun travail pour assouvir ces propres besoin et ceux d’autrui. Jamais les contradictions n’ont été mieux exprimées. 

Bibliographie :

Ø  BENZ, Stéphanie ; HAQUET Charles-Emmanuel ; HENNEBELLE Isabelle – Dossier : Stop à la violence au travail – l’Expansion ; Octobre 2008 ; n°734 ; p32-68

Ø  MAURUS, Véronique – Horizons : Les harcelés du travail – Le Monde – 26 avril 2005

Ø  DORIVAL, Camille – Conditions de travail : les nouvelles contraintes – Alternatives économiques ; février 2007 ; n°255 ; p61-

Ø GILSON, Martine ; FLEURY, Claire ; NORA, Dominique ; et al – Dossier : tous stressés – Le Nouvel Observateur – 13-19 mars 2008 ; p 14-30

Ø  PARIENTY, Arnaud – L’organisation du travail a t elle vraiment changée ? – Alternatives économiques ; juillet 2005 ; n°238 ; p 80-83

Ø  VICENT, Catherine – Mal de vivre à la centrale nucléaire – Le Monde – 5 avril 2005 ; p 3

Ø  LA VEGA, Xavier de – Le travail sans dessus dessous – Les Grands Dossiers des Sciences Humaines ; mars/mai 2008 ; n°10 ; p36-39

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Commentaires
T
ok d'accord
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